Lamba Ka est une infatigable entrepreneuse sociale qui s’implique dans de nombreux projets d’incubation, d’aide et de mentorat.

Hello Lamba Ka, bravo pour toutes ces initiatives! Comment cette passion pour l’entrepreneuriat à impact social et environnemental a-t-elle commencé?

Hello Sophie, merci beaucoup de me donner la parole aujourd’hui. Cette passion pour l’entrepreneuriat à impact social et environmental a commencé en 2016. J’ai co-fondé ma première organisation de lutte contre la corruption SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders) pour faire en sorte que les citoyens sénégalais aient accès aux données publiques. En effet, le Sénégal est en zone rouge en ce qui concerne la corruption : dès lors qu’un candidat à une élection publique se présente, il a tendance à devenir injoignable et intouchable, déconnecté des considérations des citoyens. Aujourd’hui, SENEGEL constitue la plus grande base de données publiques du Sénégal et couvre plus de 500 maires sur les 14 régions et 45 communes du Sénégal. 3 millions de personnes sont inscrites sur la plateforme et elle est encore active aujourd’hui.

Tu t’es ensuite chargée de l’incubateur Makesense à Dakar. Comment as-tu rejoint Makesense?

J’ai rejoint Makesense en tant que community booster pour aider à l’insertion des jeunes. Je venais de rentrer des Etats-Unis après avoir été sélectionnée pour le Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders du président Obama. Au sein de Makesense, j’ai travaillé avec l’AFIDBA (AFD for Inclusive and Digital Busines Africa) qui est un programme d’accompagnement de 3 ans, 6 mois par cohorte, avec financement à la clé grâce à l’Agence Française de développement. Nous avons mis à disposition un réseau de mentors et de coachs, pour la plupart, volontaires, pour aider les entrepreneurs en devenir à épouser le contexte entrepreneurial sénégalais et affiner leur vision.

Peux-tu nous donner des exemples de projets d’entrepreneuriat à impact que vous avez soutenus?

J’aime bien raconter cette histoire. La fondatrice d’IAB (l’Institut Académique des bébés) a commencé dans son garage et a aujourd’hui une école. Elle a révolutionné le secteur de l’accompagnement de la petite enfance. C’est un modèle de champion et de réussite qui  fait plaisir.

Nous avons également porté Senvitale : une plateforme de e-santé qui met à disposition des populations sénégalaises des cartes vitales. Elles sont utilisables avec un QR code qui donne accès aux informations d’urgence des patients, pour voir leurs antécédents médicaux en cas d’accident.

Enfin, Afrikamart est une plateforme agrobusiness qui met en contact les petits producteurs avec les acteurs de la grande distribution.

Tu mets également l’accent sur l’entrepreneuriat féminin avec Women’incub.

C’est un sujet qui me passionne depuis jeune. Dans les zones rurales, la place de la femme dans le contexte socio-culturel est problématique. Les filles n’ont souvent pas la chance d’avoir accès à l’education du fait du niveau de précarité. Elles sont obligées de rester à la maison pour aider leurs mamans qui par ailleurs travaillent dans les champs. J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère qui m’a tendu la main pour que je puisse aller à l’école. Je me suis fixêe l’objectif de rendre la pareille à d’autres filles et femmes.

J’ai co-fondé Women’incub connaissant le métier de l’accompagnement. Le problème, c’est que les incubateurs sont pour la plupart concentrés à Dakar et pas accessibles en langue locale. Or, beaucoup de femmes travaillent hors de Dakar et ne sont pas francophones. Il me fallait donc décentraliser pour pouvoir les toucher et leur venir en aide. 80% des contenus de Women’incub sont en Wolof, la langue parlée au Sénégal. Lancé en 2020, on a déjà accompagné plus de 20 projets pour plus de 250 femmes, notamment le Forum Jeunesse Sénégal en novembre 2020 financé par l’Ambassade de France.

Quelles actions concrètes mène Women’incub pour venir en aide aux organisations et entreprises en développement?

Women’incub est un incubateur à destination des femmes en zones rurales du Sénégal. Nous proposons du coaching et des activités de formation. Pour l’accompagnement administratif, nous travaillons en partenariat avec des organismes en charge de la formalisation. Des experts nous accompagnent pour donner les clés de l’entrepreneuriat à nos entreprises en devenir. On a dernièrement incubé Baïa design. L’entreprise n’était pas enregistrée quand Baïa est venue à nous, elle a désormais sa boutique de customisation de chaussures en cuir et en wax!

Décidément, tu es sur tous les fronts! Tu t’investis aussi dans des projets de coopération au Mali.

Avec mon amie Aïssata, on lance Acceler qui est un réseau de « role models » pour les jeunes filles en zone rurale, en Français et en Bambara, la langue du Mali. L’idée est de déployer Women’incub en Afrique francophone pour soutenir et booster les jeunes filles. Women’incub et Acceler sont ainsi pour l’instant 2 entités séparées vouées à se rejoindre.

Que dis-tu aux entrepreneur.es que vous accompagnez?

Il y a beaucoup d’entrepreneuriat de nécessité en Afrique donc nous essayons de transformer la première approche en vision. Il faut un moteur, avoir une motivation claire et beaucoup de patience pour tenir la distance.

L’épidémie a tout chamboulé, y compris la manière dont nous prodiguons notre accompagnement. Avec Makesense, nous travaillions avec des populations lettrées et souvent digitalisées donc le basculement vers les outils digitaux pour continuer la formation a pu se faire aisément. En revanche, avec Women’incub qui travaille avec des populations rurales, c’était compliqué de poursuivre l’accompagnement en ligne. D’autant plus parce que les femmes avaient besoin d’être au marché au quotidien. Nous avons pu utiliser Whatsapp pour communiquer car tout le monde a des smartphones.

Avec Women’incub, on s’attèle à créer un consortium qui regroupe les structures d’autonomisation des femmes. En gros, une base de données qui recense tous les projets accompagnant l’entrepreneuriat féminin en Afrique!

Merci Lamba Ka et bravo pour ton aide.

Pour retrouver le réseau créé par Lamba Ka, RDV sur le Facebook de Women’incub.

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Sophie Guillermin

Sophie est directrice produit chez Angage. Elle s'évertue à développer des outils modernes qui facilitent la collaboration de n'importe où et à n'importe quel moment, toujours dans une optique de créer un Future of Work flexible et respectueux de nos vies multiples et pourquoi pas changer le monde grâce à la stimulation de l'intelligence collective.


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